Troubles anxieux : tout comprendre


Les troubles anxieux peuvent s’exprimer sous diverses formes, allant de l’anxiété généralisée à l’attaque de panique ou la phobie. Intimement liée aux troubles du sommeil, elle  impacte fortement le quotidien des personnes qui en souffrent. Cette maladie psychique très répandue démarre généralement au cours de l’enfance et de l’adolescence. Il est donc capital de la diagnostiquer aussi tôt que possible, afin de faciliter sa prise en charge. Car si les troubles anxieux sont souvent repérés tard, des thérapies existent.

Les troubles anxieux : qu’est-ce que c’est ?

troubles anxieux

Les troubles anxieux des caractérisent principalement par un sentiment de peur, générateur d’angoisse et d’anxiété.

Trouble anxieux : définition

Il est tout à fait normal d’avoir peur face à certaines situations : le stress constitue alors une réponse physiologique naturelle, notre organisme étant en quelque sorte « programmé » pour nous fournir les ressources indispensables pour fuir ou trouver une réponse appropriée au danger.

On parle de troubles anxieux lorsqu’une personne souffre d’anxiété de façon excessive, et que cet état d’angoisse ou de peur :

  • Est répétitif ;
  • S’installe dans la durée ;
  • Se manifeste sans lien avec une menace ou un danger réels ;
  • Perturbe la vie quotidienne.

Les troubles anxieux se distinguent d’une peur ou d’une anxiété passagère, qui constituent une réponse normale à une situation stressante telle que la perspective d’un examen ou d’un entretien d’embauche.

Les troubles anxieux constituent une pathologie. Ils se répartissent en 3 types, en fonction de l’objet qui génère l’angoisse :

  • Les phobies ;
  • Le trouble panique ;
  • Le trouble anxieux généralisé.

Les troubles anxieux surviennent le plus souvent au cours de l’enfance ou de l’adolescence, et ils nécessitent une prise en charge adaptée. Toutefois, les personnes angoissées peuvent hésiter à consulter, jugeant parfois à tort que leur état est passager ou pouvant même ressentir un sentiment de honte. Il est ainsi fréquent que le diagnostic soit tardif.

Les conséquences des troubles anxieux

Les troubles anxieux ont des conséquences directes sur le quotidien des patients à court et moyen terme. Leur impact varie en fonction de leur gravité : insomnie et somnolence diurne, mais aussi accroissement du risque de dépression et de maladie cardio-vasculaire.

Les troubles anxieux constituent par ailleurs un véritable handicap social, pouvant entraver aussi bien la vie professionnelle que la vie personnelle. En 2021, une étude suédoise portant sur 15 000 enfants a ainsi permis d’estimer qu’une phobie sociale réduit les chances de faire des études supérieures de 50 à 75%. Plus souvent célibataires et éprouvant des difficultés d’insertion, les personnes souffrant de troubles anxieux atteignent aussi des niveaux sociaux économiques moins élevés que le reste de la population.

La science a permis de confirmer un fait connu de façon empirique depuis longtemps : le rapport entre hyperlaxité et troubles anxieux. L’hyperlaxité des articulations est une augmentation de la mobilité des articulations qui est due à l’altération héréditaire du collagène. Près de 25% des personnes hyperlaxes souffrent de trouble de panique ou d’agoraphobie.

Quelles sont les causes des troubles anxieux ?

Les causes des troubles anxieux demeurent délicates à déterminer, et il est fréquent qu’ils surviennent sans qu’il soit possible d’identifier précisément leur origine. Toutefois, on note un certain nombre de facteurs qui favorisent leur apparition :

  • Des antécédents familiaux ;
  • Un traumatisme violent ;
  • La consommation d’alcool ou de drogue ;
  • Certains traitements médicamenteux ;
  • L’existence de troubles mentaux ou médicaux.

Les troubles anxieux : quelques chiffres

Les troubles anxieux se manifestent souvent tôt. Les phobies peuvent ainsi survenir dès la fin de l’enfance et les troubles d’anxiété sociale se manifestent au cours de l’adolescence. Le trouble panique se manifeste un peu plus tard, entre l’âge de 20 et 30 ans, tandis que le trouble anxieux généralisé concerne davantage les 30-40 ans.

On estime que 10% de la population expérimente un trouble anxieux au cours de sa vie, sans qu’il ne soit véritablement possible de dégager un profil type. Les femmes sont cependant deux fois plus concernées que les hommes. Ces troubles sont susceptibles de durer entre quelques mois et plusieurs années, et environ 25% des cas nécessitent un traitement médicamenteux.

Les 6 types de troubles anxieux

troubles anxieux

Diverses classifications sont proposées pour catégoriser les troubles anxieux du comportement. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) répertorie 6 entités.

Le trouble anxieux généralisé

L’anxiété généralisée se caractérise par un état d’inquiétude qui concerne au moins deux thèmes. Ainsi, si trouble anxieux et relation amoureuse peuvent aller de pair, un état d’angoisse généralisé sera considéré comme pathologique si un autre sujet est générateur de stress : finances, travail, santé, avenir, etc. 

Le trouble anxieux généralisé s’accompagne de symptômes physiques : céphalées, sueurs nocturnes ou diurnes, douleurs musculaires. La personne concernée est aussi fréquemment insomniaque, ce qui peut conduire à un état de faiblesse proche de la fatigue chronique.

Le trouble panique avec ou sans agoraphobie

Le trouble panique se caractérise comme son nom l’indique par des attaques de panique à répétition et imprévisibles – accompagné d’une sensation d’insécurité permanente à l’idée que ces attaques surviennent. Le trouble panique crée ainsi un cercle vicieux. Cette « peur d’avoir peur » peut aller jusqu’à l’agoraphobie, par crainte de faire une crise d’angoisse dans un lieu public.

D’un point de vue physique, ce sentiment de panique s’accompagne de nausées et de palpitations.

La phobie spécifique

La phobie spécifique est la peur irrationnelle d’une situation, d’un élément naturel tel que l’orage, d’un animal ou d’un objet. Elle peut se révéler fortement handicapante au quotidien. Parmi les plus courantes :

  • L’agoraphobie ;
  • La claustrophobie ;
  • L’arachnophobie.

Le trouble obsessionnel compulsif (TOC)

Le trouble obsessionnel compulsif se manifeste par deux types de symptômes, qui apparaissent isolément ou simultanément :

  • Les obsessions, qui sont des pensées ;
  • Les compulsions, qui sont le besoin de réaliser des actes.

Ces obsessions sont centrées sur des thèmes précis :

  • La saleté et le risque de contamination ;
  • La notion de sacrilège ;
  • La sexualité ;
  • L’ordre ;
  • La peur de provoquer une catastrophe majeure.

Parmi les compulsions sont des comportements répétitifs, dont l’exécution permet généralement de réduire le niveau d’anxiété et de chasser les obsessions. Ces comportements sont variés :

  • Répétition silencieuse de mots ;
  • Vérifications ;
  • Lavage des mains ;
  • Rangement suivant un rituel et un ordre précis.

Le trouble d’anxiété sociale

Les patients qui souffrent de ce trouble sont anxieux face aux situations les confrontant à des inconnus ainsi que dans les lieux publics. Cette anxiété est causée par la crainte d’éprouver de la gêne ou d’être confronté à l’humiliation, au mépris ou au rejet.

Le stress post-traumatique

Les TSPT (troubles du stress post-traumatique) stress post-traumatique survient chez les victimes ou les témoins d’un événement traumatisant, face auquel ils sont ressentis de l’effroi et se sont sentis impuissants. Ces troubles disparaissent dans les 3 mois suivant cet événement. Toutefois, dans 20% des cas, ils peuvent devenir chroniques.

Les troubles anxieux chez l’enfant et l’adolescent

important de les diagnostiquer rapidement. En effet, plus ils débutent tôt, plus ils risquent de devenir sévères. Il existe d’ailleurs un test pour le trouble anxieux généralisé spécifiquement conçu pour les enfants : le SCARED.

L’anxiété chez l’enfant et l’adolescent demeure toutefois mal prise en charge, notamment parce que l’entourage en ignore l’existence, ou qu’il tend à la normaliser. Or, les troubles anxieux peuvent rapidement constituer un sérieux handicap.

Troubles anxieux et pathologies associées

Les troubles anxieux s’accompagnent fréquemment d’autres troubles et pathologies, sans que la science ne soit forcément capable d’expliquer la raison précise de ces comorbidités.

La dépression

Les troubles anxieux précèdent le plus souvent la dépression, mais dans certains cas, c’est la dépression qui précède les troubles anxieux. Les professionnels estiment que 70 à 80 % des personnes souffrant de troubles anxieux sont susceptibles de développer des symptômes dépressifs. Ces deux troubles peuvent s’entremêler au point que l’on parle de syndrome anxio-dépressif, ou trouble anxieux dépressif mixtes, lorsqu’un patient associe les syndromes des deux pathologies.

L’addiction

Les troubles anxieux augmentent les risques d’addiction de manière significative. Il s’agit dans la majorité des cas d’addiction à l’alcool ou au tabac. Cela s’explique par une quête de substances pouvant avoir un effet apaisant en cas de crise d’anxiété. Toutefois, les troubles anxieux et l’addiction pourraient présenter des mécanismes communs.

L’épilepsie

On estime que 40% des personnes atteintes d’épilepsie pourraient développer des troubles anxieux. Là encore, les chercheurs soupçonnent des mécanismes physiopathologiques communs, sans que cela ne soit formellement démontré à ce jour.

Troubles anxieux et troubles du sommeil : un lien étroit

Les personnes souffrant de troubles anxieux souffrent davantage de troubles du sommeil. Or, la privation de sommeil prolongée peut aussi être à l’origine de troubles anxieux.

Les effet de l’anxiété sur le sommeil

Le stress et l’anxiété qu’il génère constituent un facteur aggravant pour de nombreux troubles du sommeil. Parmi eux :

Chez les personnes souffrant de troubles anxieux, la grande majorité a du mal à dormir seule (95%). Plus de la moitié d’entre elles jugent que leur sommeil n’est pas satisfaisant.

L’anxiété agit directement sur le système nerveux autonome, qui se divise en deux parties :

  • Le système nerveux sympathique, qui entre en action face à un danger immédiat afin de nous permettre d’y répondre ;
  • Le système nerveux parasympathique, qui permet le retour au calme de l’organisme et qui contribue aussi à gérer le sommeil.

En cas d’anxiété prolongée, le système nerveux parasympathique n’est plus en mesure de fonctionner correctement, perturbant gravement le sommeil.

Quand le manque de sommeil génère l’anxiété

Les personnes qui manquent de sommeil manifestent à moyen terme une certaine anxiété. En 2020, des chercheurs de l’Université de Californie ont découvert pour quelle raison : durant les phases de sommeil profond, les connexions du cerveau se réorganisent, ce qui contribue à réduire l’anxiété. Ainsi, après une bonne nuit de sommeil, il est possible d’affronter plus facilement un événement stressant ou une situation émotionnelle délicate. 

Diagnostiquer les troubles anxieux

Les troubles de l’anxiété sont généralement multifactoriels, c’est-à-dire qu’ils résultent de plusieurs facteurs distincts : psychologiques, génétiques ou environnementaux. Ainsi, les symptômes peuvent eux aussi  être variés et être physiologiques ou physiques.

Trouble anxieux : les symptômes

Les troubles anxieux se manifestant généralement durant l’enfance et l’adolescence, il est important de faire preuve de vigilance. Le refus d’aller à l’école constitue l’un des principaux symptômes qui doivent alerter. Parmi les autres signes et symptômes :

  • Les troubles du sommeil, notamment l’énurésie nocturne ;
  • Les maux de ventre et les vomissements ;
  • La perte d’appétit ;
  • Les difficultés à se faire des amis.

Certains signes et symptômes physiques doivent alerter aussi bien dans le cas des enfants et adolescents, que des adultes :

  • Sueurs ;
  • Nausées ;
  • Une fréquence cardiaque élevée même au repos ;
  • Sensation de boule dans la gorge ;
  • Maux de tête ;
  • Douleurs musculaires ;
  • Vertige pendant le sommeil ;
  • Tremblements.

Certains signes sont plus rares, comme le fait de saigner du nez en dormant, ce qui est causé par une hypertension artérielle.

Il convient de faire preuve d’une vigilance spécifique si plusieurs membres de la famille souffrent de troubles anxieux graves. Ce type d’environnement peut créer ce que les spécialistes qualifient d’apprentissage de la peur : des parents transmettent leur peur à leurs enfants. Le facteur génétique n’est pas à exclure : certains récepteurs de sérotonine semblent en effet impacter le niveau d’anxiété.

Quand consulter ?

Afin de prévenir un trouble anxieux post-traumatique, il est recommandé de consulter après la survenue d’un événement violent. Il est aussi indispensable de consulter si vous souffrez de troubles du sommeil et d’un sentiment d’angoisse généralisée, ou des comorbidités type dépression, addiction ou épilepsie. L’idéal est toutefois d’intervenir le plus tôt possible : si vous-mêmes ou vos enfants présentez des symptômes qui vous semblent correspondre, n’ayez pas peur d’en parler à votre médecin traitant. Il est tout à fait possible de souffrir d’un trouble anxieux généralisé et de s’en sortir avec une prise en charge adéquate.

Le diagnostic se fait par un interrogatoire complet et par l’usage d’un questionnaire spécifique, généralement le SCARED pour les enfants, et le GAD-7 (Generalized Anxiety Disorder-7) pour les adolescents et les adultes. Ces outils permettent de déterminer la sévérité des troubles.

Trouble anxieux : quel traitement ?

La prise en charge des troubles anxieux dépend de deux éléments : le type de trouble précis et sa gravité. La thérapie des troubles anxieux vise à la fois à diminuer les symptômes et à améliorer le fonctionnement psychologique et social des patients. Elle comprend donc deux traitements :

  • Les médicaments ;
  • La thérapie cognitivo-comportementale (TCC).

Ces deux traitements peuvent être administrés seuls ou associés.

En complément, il est recommandé d’adopter une bonne hygiène de vie, incluant des pratiques permettant de canaliser et exprimer son anxiété, comme le sport ou les pratiques artistiques.

Les médicaments

Les anxiolytiques constituent les médicaments les plus courants pour traiter les troubles anxieux. Ils sont prescrits exclusivement sur de courtes durées à cause des risques de dépendance, et ils peuvent avoir des effets secondaires tels qu’une bouche très sèche en dormant. Dans les cas d’anxiété sévères, le recours aux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) est envisagé. Ce type d’antidépresseur peut être administré aux enfants comme aux adultes. Ils peuvent toutefois avoir certains effets secondaires : prise de poids, diarrhée, insomnie. Enfin, lorsque les troubles anxieux ont des manifestations physiologiques (tachycardie, sueurs, etc.), il est possible de prescrire des bêtabloquants.

La TCC

Les personnes souffrant de troubles anxieux peuvent être hyper vigilantes ou hypersensibles face à un facteur de stress : sa perception étant erronée, elle ne relève que des signes d’un danger potentiel. D’autres ont tendance à exagérer les risques et à toujours envisager une catastrophe. Certaines personnes, enfin, ne sont pas capables de gérer leur anxiété face à une situation de stress, et elle devient disproportionnée. La TCC vise à traiter ces processus, et à mettre fin à ces processus handicapants et générateurs de souffrance.

Troubles anxieux : où en est la recherche ?

La science n’a pas encore permis de comprendre précisément les mécanismes à l’origine des troubles anxieux. Chercheuse INSERM à Bordeaux, Anna Beyeler pointe un dysfonctionnement des circuits neuronaux, et plus spécifiquement les circuits de la valence émotionnelle, qui permettent de déterminer si un stimulus doit être interprété de façon négative ou positive. L’amygdale est aussi mise en cause, en particulier dans le cas des phobies, car cette structure conserve des traces lorsque nous ressentons une forte peur.

A l’heure actuelle, les liens entre les troubles anxieux et ses comorbidités demeurent encore mal cernés. Si l’on soupçonne des mécanismes communs, ceux-ci demeurent à découvrir, et des études sont actuellement menées par différentes équipes.

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